Les jours "sans"
- Leslie Garoyan
- 8 août 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 janv.
Voilà, hier, avant-hier et parfois quelques jours avant cela, c'était des journées "sans".
Des journées dans l'attente, des journées sans réponses, ces jours d'été qui sont lourds, où l'on aimerait dormir à la plage et ponctuer nos réveils avec des lectures parfois très intelligentes et parfois en saisissant le ELLE hors série de l'été sur comment accepter son corps et fabriquer de la cire dépilatoire avec le reste des bougies de noël.
Depuis le début de l'année, je me suis mise à écrire. Je suis une immense bavarde, je parle souvent sans réfléchir et avec beaucoup de monde, comme si parler sans cesse me permettait de brainstormer en l'air et d'y voir un peu plus clair.
Je fais partie de ces gens qui se posent beaucoup de questions sur la vie, sur l'amour mais drôlement, pas sur l'avenir. Je ne m'inquiète jamais du futur et je ne ressasse pas le passé mais je passe un temps infini à penser le présent et à me réjouir des choses que nous sommes en train de vivre!
J'ai une personnalité d'un optimiste fulgurant à toute épreuve et je m'en félicite mais il est vrai que depuis peu, une grande introspection à laissé place à pas mal de doutes...
Et puis il est vrai qu'il est toujours plus facile d'être optimiste pour les autres, pour le monde, pour les situations lointaines que pour nous même. Avez-vous déjà donné un conseil à quelqu'un en sachant que c'était le bon, tout simplement parce que vous analysez sa situation dénué de toutes émotions directes ou même de sentiments?
La voilà, la question que je me pose, la grande question des jours "sans" ou j'ai passé à ruminer des heures devant un café qui refroidit, devant un le feed des réels instagram qui parfois me fait hurler de rire mais parfois me pétrifie de tout ce que je déteste dans ce monde!
J'allume une deuxième cigarette en regardant un panorama de rêve dans mon magnifique appartement, je me dis que je suis une connasse qui sans vrais problème et que c'est pour ça justement que je rumine, parce que j'ai trop de temps pour penser.
C'est drôle la vie.
Je me trouve aujourd'hui à la croisée des chemins, une intersection absolument intéressante:
celle de ma vie passée, et celle que je décide de construire pour demain.
Et évidemment, dans ces moments-là, ces moments d'introspections intenses, il n'y a qu'un seul sujet qui m'intéresse, c'est l'amour.
L'amour a toujours été au centre de tout. Je me dis souvent que c'est fou le nombre d'heures où nous avons passé à refaire le monde de l'amour avec un grand A.
Toutes les récréations à l'école, à l'arrière d'un bus, d'un train ou d'une voiture.
Parfois pendant des heures au téléphone avec une amie, une sœur ou une mère?
Comment oublier ces conversations infinies qui aujourd'hui m'habitent de plus en plus, verre de spritz à la main toujours enfoncé dans mon canapé?
Des séances entières de mon adolescence ont été dédiées à ces moments suspendus dans le temps.
Et puis j'ai grandi, je me suis mariée, je suis devenue un peu plus responsable, un peu plus ce que l'on attendait de moi (enfin sauf pour ma mère bien sûr) je suis devenue maman. J'ai découvert un autre amour, plus grand, plus fort mais différent.
Mais alors il est où c'est "autre" amour? celui qui s'est perdu entre un "n'oublie pas de sortir la poubelle" et le "tu peux te lever pour une fois? Ca fait 3 nuits de suite que c'est moi putain..."
Le vertige des années nous a happés et à laisser place à la lassitude.
Mon dieu comme je me suis promise cent fois, même mille fois de ne pas devenir cette femme errante dans sa propre vie, celle qui pense qu'elle est digne parce qu'elle reste, parce qu'elle ne lâche pas.
Parfois on reste parce qu'on se dit que l'amour que l'on a construit est un socle, un horizon, une sécurité. Il est le confort d'années de construction, l'amour ne devient plus un sujet, il est confortable.
Nom de dieu confortable, à la fois l'adjectif que j'aime le plus mais aussi le plus terrifiant, tant il en devient la médiocrité.
L'amour est toujours là, il a quitté mes pages d'agenda d'écolière, mon MSN Menssenger et mes sms du 3310 pour devenir plus sensé, plus adulte.
Et puis il s'est passé la pire des choses, il s'est transformé en néant, en prévisible, en attente idiote et impossible et comme je ne l'ai pas cultivé à l'intérieur de moi-même, il s'est éteint...
Après deux ans de coma, il y a un électro-choc!
Suis-je amoureuse? Oui puisque j'attends dis Bathes! Pourquoi ai-je laissé ce sentiment être aspiré par le néant des jours.
Alors il faut vivre maintenant, moins vite mais plus fort.
Il faut se réveiller.
Déconstruire la courbe des jours en regardant le quotidien avec des yeux d'adolescents, avec fièvre, agitation et fierté.
Alors je quitte, je pars, je recommence.
En réalité je ne recommence pas mais commence avec plus d'expérience, l'incertitude est vertigineuse pour une mère célibataire de 32 ans au milieu des mariages et des grossesses et des bébés en bas âge, mais ceci est loin d'être idiot et en prenant mon café ce matin, toujours sur le même canapé, je puise en moi le courage, le courage de croire en la suite, de croire que la sécurité justement elle est là, elle se loge dans la possibilité de se tromper, de changer et d'oser. Oser avancer.
Le courage de savoir qu'on va vers des lendemains encore plus lumineux.
Et je terminerai cet épisode d'écriture par une sublime citation que j'ai entendu récemment: Lorsque vous êtes dans le noir, dans les ténèbres et que vous avez l'impression que rien ne va, dites vous bien que vous n'avez pas été enterré, vous avez été planté.

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